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le Patrimoine culturel accessible à tous avec Histoire de Son

Paroles de médiateurs culturels #9 : didactique

20 Octobre 2015, 11:08am

Publié par véronique muzeau

Paroles de médiateurs culturels #9 : didactique
Comment transmettre ? C'est une des premières questions que doit se poser le médiateur culturel, quelle que soit sa posture : pédagogue ou communicant.

 

Certes, l'objet du savoir – sciences, art, sciences humaines - est important. C'est pourquoi certains médiateurs sont, sinon des chercheurs, au moins de bons enquêteurs.

Mais une fois ce savoir en tête, le médiateur doit encore tout mettre en œuvre pour que les publics s'en emparent.

 

Aujourd'hui, c'est un médiateur scientifique, Antony Auffret, qui témoigne de son expérience. Il est coordinateur du Département Virtuel et de l'innovation de l'association Les Petits Débrouillards à Brest. Pour lui la médiation c'est avant tout de l'ingénierie de la transmission du savoir.

 

 

Antony nous parle donc pédagogie et didactique (comment enseigner) mais aussi épistémologie (quelle connaissance transmettre ?). Pour lui, le médiateur culturel et scientifique est en quelque sorte un enseignant, hors les murs de l'école, et exempté du programme contraignant de l'Éducation Nationale.

 

Indéniablement, Antony profite d'une plus large liberté dans les méthodes. Avec un peu d'imagination et pas forcément de gros moyens, les Petits Débrouillards réalisent en effet des dispositifs de médiation très efficaces, pour des expositions ou des ateliers. Cette ingénierie de l'apprentissage ludique s'applique donc en médiation directe ou indirecte.

Et elle doit être d'autant plus réussie que le médiateur culturel ne peut profiter de la légitimité de l'enseignant intronisé par l'institution scolaire. L'école garde encore de l'autorité, même si elle est contestée. Le médiateur de musée ou de toute autre structure vit différemment son rapport au(x) public(s). Il doit convaincre avec d'autres atouts. Et cette liberté d'utiliser des outils pédagogiques ludiques ou peu conventionnels peut être un atout.

 

Pas de doute, chez les Petits Débrouillards, la médiation est bien perçue comme une forme d'enseignement. Mais est-ce le cas pour tous les médiateurs culturels ? Pas forcément.

 

Approche par la communication

 

On l'a déjà souligné, le métier de médiateur reste récent et il est donc encore protéiforme.

Il suffit d'examiner les programmes de formation des médiateurs culturels pour constater la diversité des approches.

Pour certains, comme le master « Médiations de la culture et des patrimoines » de l'université d'Avignon, la formation est avant tout orientée vers la communication voire le marketing. Le programme détaillé met l'accent sur les pratiques professionnelles appliquées (conception de scénarios, organisation et stratégie) qui seront sans doute l'occasion d'aborder néanmoins les questions didactiques « par la bande ».

 

Médiation et éducation : partenariat

 

Pour d'autres, l'approche éducative est prioritaire et débouche sur un master comme celui de l'université de Cergy Pontoise « Pratiques et ingénierie de la formation - Médiation culturelle : concevoir des projets éducatifs et culturels en partenariat ». Le programme commence logiquement par un module sur les institutions de l'éducation, puisque l'objectif du master est d'en faire des partenaires naturels. Ensuite, on passe aux théories de l'apprentissage via une séquence de psychologie du développement de l'enfant et de l'adolescent ; puis la pédagogie, pour « prendre en compte la diversité des jeunes publics et leurs spécificités » ou s'adapter « aux enfants en difficulté et en situation de handicap ». Et enfin, le module didactique permet à l'étudiant de passer à la pratique d'un enseignement artistique et culturel à l'école et au collège.

 

Pragmatisme contre snobisme

 

Y a-t-il une « bonne » approche de la médiation culturelle et scientifique ? Est-il plus légitime de la voir comme une œuvre de communication approfondie ou comme un art de l'enseignement décalé ? Nous nous garderons prudemment de répondre.

De même, évitons de rejeter d'avance des méthodes ou des outils sous prétexte qu'ils ne sont pas passés par une institution et semblent « sortis de nulle part ».

Sur le terrain heureusement, les médiateurs culturels font surtout preuve de pragmatisme. Il faut voir comme un avantage leurs multiples influences et les différents courants de formation dont ils sont issus. Qu'ils viennent de l'enseignement, de l'animation, de la communication ou de métiers approchants comme le journalisme, s'ils ont cette chance de pouvoir mêler leurs pratiques sur le terrain, encourageons-les !

Entre les méthodes pédagogiques estampillées comme telles et les techniques d'animation construites au gré des expériences, pourquoi hiérarchiser ? Les institutions culturelles et scientifiques doivent se donner la liberté de tout tester.

 

 

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